90% des bagarres de rue finissent au sol ?

90% des bagarres finissent au sol

Mythe ou réalité, l’affirmation qui consiste à dire que 90 % des bagarres finissent au sol tourne en boucle depuis des années sur les forums et dans les salles de self-défense. Est-ce donc une réalité de la rue ou une légende urbaine ?
 
Antécédents sur l'origine de cette affirmation
 
La responsabilité de la vulgarisation de cette affirmation est le plus souvent attribué à la famille Gracie (1), à partir de la fin des années 1980. Affirmation partisane de la Gracie Ju-Jitsu Académie, qui souhaitait développer le jujitsu brésilien, et rejetée pendant un certain temps, comme une tentative de commercialiser leur système de combat familial qui, non par coïncidence, mettait l'accent sur le combat au sol.
 
 "90 % de tous les combats finissent au sol selon une étude de la LAPD. La Gracie Ju-Jitsu Académie se spécialise dans la lutte au sol et nous avons une expérience avérée. Par conséquent, la Gracie Ju Jitsu est le meilleur système de combat."
 
Au cours de ces deux décennies, cette statistique qui consiste à affirmer que 90 % des bagarres finissent au sol a été diffusé partout jusqu'à ce qu'elle devienne finalement acceptée comme un fait, par le pratiquant martial ou de self-défense moyen, et en particulier par les praticiens de JJB ou de MMA. Cela est même rendu au point ou si vous vous interrogez sur ce «fait», vous êtes étiqueté comme un traditionaliste inculte qui ne sait pas ce qu'est un véritable combat de rue. Malheureusement, il y a des incohérences avec cette affirmation.
 
Pourquoi serait-ce un mythe ?
 
Que dit cette fameuse étude du LAPD (Département de Police de Los Angeles (2) brandit comme la certification de cette affirmation.
En 1991, le sergent Dossey, physiologiste au LAPD, a terminé une étude comparative sur les incidents qui nécessitait l’utilisation de la force lors des arrestations, signalés par le LAPD pour l'année 1988 (3). Le sergent Dossey a examiné l’intégralité des 5 617 rapports sur les incidents qui nécessitait l’utilisation de la force lors des arrestations rédigées par des officiers de l'année 1988 et a codifié ce qu’il a pu identifier comme êtres des modèles d'altercation dominants. L'étude a été reproduite en 1992 par le comité d'examen de formation du LAPD.
 
ASLET «Séminaire sur l'utilisation de la force: l'avenir de la formation non létale - Techniques fondées sur la réalité et l'intégration de la formation non létale» 1997 :
En 1988, 316 525 arrestations ont été effectuées par la police de Los Angeles.

  • 5 617 (1,7%) de ces arrestations nécessitaient l'utilisation de la force.
  •  2 031 altercations au cours de ces arrestations. Ce qui veut dire que sur les 5 617 rapports examinés, seulement 0,6% (2 011) des incidents ont comporté un niveau suffisant de résistance agressive par le suspect envers l’agent pour les qualifier d'altercation.

Cinq scénarios ont représenté 95% des altercations.
Quatre actions combatives des suspects ont représenté près de deux tiers (65,8%) des blessures nécessitant des ITT ;

  • L'agent a été frappé dans 23,4 % des cas ;
  • a frappé dans 16 % des cas ;
  • a été jeté/trébuché dans 15 % des cas ;
  • a été mordu dans 11,4 % des cas.

En 1988, le pourcentage de confrontation d’un agent moyen en uniforme était de moins de 3 altercations. La statistique de projection au sol comprend les blessures subies par la lutte au sol.
Quant aux cinq modèles, ils étaient:

  • Le sujet s'éloigne de la tentative de contrôle du bras par l’agent (33,7%) ;
  • le sujet tente de frapper ou de donner un coup de pied à l'agent  (25,4%).
  • le sujet refuse de prendre une position de palpation (19.3%) ;
  • le sujet s'enfuit et l'agent le poursuit (10,5%) ;
  • le sujet prend une posture combative, mais ne tente pas de frapper l'officier (6,8%).

L'étude a également inclus les pourcentages de blessures basées sur le ciblage des attaques. Par exemple:

  • Les coups de pied ont provoqué des blessures aux jambes (36%) ;
  •  à la tête (27%) ;
  • à la cage thoracique (22,5%) ;
  • à l'aine (14%).

Bien que plusieurs fractures aient eu lieu, la blessure la plus commune était une ecchymose aux jambes, à la tête, aux côtes ou à l'aine. La blessure la plus courante subie lors des combats au sol a été des douleurs au dos.
 
Le rapport conclut que près des deux tiers des altercations en 1988, soit 62% se sont terminées avec le policier et le sujet au sol avec l'agent qui applique une clef et menotte le sujet. Compte tenu de ce qui précède, les données indiquent que lorsque des policiers ont combattu physiquement avec des suspects (par opposition à une simple résistance mineure ou à une non-conformité qui exigeait un usage mineur de la force, mais qui ne s'est pas transformée en altercation), 95% du pourcentage de ces cinq types d'altercations s'est terminé avec le policier et le sujet au sol, avec l'agent qui exécute une clef et menotte le suspect. Qui amenant qui au sol, nul ne le sait.
 
Après la publication de ce rapport, le LAPD a institué un programme qui comprenait une formation aux compétences de contrôle au sol qui, à son tour, était basée sur des techniques modernes de lutte de judo et de jujitsu spécialement adaptées aux forces de l'ordre.
 
Réalité de la rue ?
 
Dans une bagarre le contexte est roi, il détermine quels outils il faut utiliser. Chute, glissade, balayage… Font que par la force des choses il est possible de se retrouver au sol lors d’un combat. Et même s’il faut impérativement éviter d’y aller. Le krav maga, système de combat d’adaptation par excellence intègre des méthodes inspirées de la lutte et/ou du JJB afin de se sortir de ces situations au sol, avec pour unique but, se relever.
 
Conclusion
 
L'étude du LAPD ne démontre donc pas que 90% des bagarres finissent au sol. Au lieu de cela, cette étude montre que 95% des altercations prennent l'une des cinq attitudes communes. Elle montre également que dans ces 95% des cinq atitudes communes, 62%s se sont retrouvés à la fois avec l’agent et/ou le suspect se précipitant au sol. Les statistiques de cette étude devraient donc être considérées davantage comme des spécificités propres aux confrontations à la violence d’un corps de métier bien particulier lors d’une arrestation, plutôt qu’une généralité. Les diverses intersections situationnelles, environnementales, physiques et psychologiques qui se produisent au sein des confrontations les rendent chacune différente.

Sources
 
(1) www.gracieacademy.com
(2) www.lapdonline.org
www.ejmas.com
www.wimsblog.com
(3) Dorsey, Greg, John Sommers, and Steve Uhrig. (July 1997). “Future of Non-lethal Force Training-Reality Based & Integrating Techniques for Non-Lethal Force Training.” ASLET Use-of-Force Training Seminar, originally presented at the Los Angeles Airport Hilton and Towers, Los Angeles, California, July 10-12, 1997

 

15/02/2017


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