Réactions physiques et mentales à la douleur

En krav maga tous pratiquant est impacté par la douleur à un moment ou à un autre. Les douleurs musculaires et les blessures en krav maga ne sont pas successives à cette pratique, mais à tous sports. Tous ça fait partie des aléas indispensable à la pratique et à l’entraînement d’un système efficace de self défense. Même s’il important d’éviter la douleur en utilisant les protections adéquates, il est tout aussi utile de comprendre comment fonctionne notre corps face à la douleur. Pas pour la minimiser ou tenter de s’immuniser, mais pour savoir éventuellement quand est ce qu'il faut s’arrêter. Le krav maga étant une pratique physique exigeante en soi.

La douleur est difficile à définir, car elle est spécifiquement personnelle et totalement subjective. Elle survient lorsque les récepteurs situés aux extrémités des nerfs recueillent des informations sur les dommages éventuels, qui les transmettent au cerveau. Dès notre plus jeune âge, le cerveau dresse une cartographie du corps pour détecter l'origine des messages. Il le fait généralement avec précision pour la peau et les muscles, mais moins précisément pour les organes internes. Tout le monde possède les mêmes mécanismes de déclenchement de la douleur, pourtant chacun est capable de la ressentir différemment. Lorsque le corps détecte la douleur, il déclenche un signal pour nous faire réagir. La douleur est donc un signal d’alerte afin d’attirer notre attention sur quelque chose d’anormal.

L'expérience de la douleur

De nombreux facteurs différents influencent l'expérience et la perception de la douleur. Celle-ci est différente pour tout le monde. Le facteur d’expérience de la douleur peut varier selon :

  • l’âge ;
  • le sexe ;
  • la culture ;
  • l’ethnicité ;
  • les croyances spirituelles ;
  • le statut socio-économique ;
  • l’encadrement et la solution ;
  • l’humeur ;
  • etc.

Les croyances inadaptées sur la douleur

Lorsque nous éprouvons de la douleur, nous pouvons avoir de nombreuses croyances différentes sur la façon dont nous devrions vivre notre vie avec la douleur. Ces croyances peuvent être inadaptées et nuire à notre niveau de fonctionnement et à notre rétablissement. En d’autres termes, certains mécanismes d’adaptation utilisés par les personnes souffrant de douleur chronique pourraient ne pas être les plus bénéfiques sur le plan physique ou psychologique :

  • catastrophisme. Réaction négative exagérée face à des expériences douloureuses réelles ou anticipées. Dans ce cas, les personnes signalent une douleur plus intense, un fonctionnement physique médiocre, davantage d’état dépressif, de stress et davantage d'incapacité (1) ;
  • la douleur est un signe de dommage ;
  • la douleur signifie que toutes activités doivent être évitées ;
  • la douleur mène à l'invalidité ;
  • la douleur est incontrôlable ;
  • la douleur est permanente.

Selon les circonstances, elle est plus ou moins facile à supporter. Mais maintenir un sentiment de contrôle sur sa vie et se motiver pour continuer à fonctionner au mieux malgré la douleur peut réduire le risque de dépression. Gagner ce contrôle peut permettre de trouver plus de ressources pour comprendre l'impact de la douleur.

Comprendre la douleur

Les scientifiques démêlent progressivement les processus dans le corps qui conduisent à la désagréable sensation de douleur. La douleur survient lorsque les récepteurs situés aux extrémités des nerfs recueillent des informations sur les dommages éventuels, qui les transmettent au cerveau. La recherche neurobiologique documente les processus neuronaux qui distinguent les dimensions de la douleur affective de la douleur sensorielle, associent émotion et douleur et génèrent une sensibilisation à la douleur du système nerveux central. Les recherches psychologiques démontrent qu'une douleur plus intense est liée au stress émotionnel et à une conscience, une expression et un traitement émotionnels limités. Les recherches sociales montrent l’importance potentielle de la communication émotionnelle, de l’empathie et de l’attachement. Les émotions font partie intégrante de la conceptualisation, de l'évaluation et du traitement de la douleur. Voici une explication simple de ce qui se passe lorsque vous ressentez un type de douleur. (2)

Lorsque dans un combat, on reçoit un coup sur une partie du corps :

  • cela provoque des lésions tissulaires enregistrées par les récepteurs de la douleur microscopiques (nocicepteurs) dans la peau ;
  • chaque récepteur de douleur forme une extrémité d'une cellule nerveuse (neurone) ;
  • il est relié à l'autre extrémité de la moelle épinière par une longue fibre nerveuse ou axone ;
  • lorsque le récepteur de la douleur est activé, il envoie un signal électrique dans la fibre nerveuse ;
  • la fibre nerveuse est groupée avec beaucoup d'autres pour former un nerf périphérique. Le signal électrique passe par le neurone dans le nerf périphérique pour atteindre la moelle épinière dans le cou ;
  • au sein d'une zone de la moelle épinière appelée, corne dorsale, les signaux électriques sont transmis d'un neurone à un autre à travers les jonctions (synapses) au moyen de messagers chimiques (neurotransmetteurs).
  • les signaux sont ensuite transmis au cerveau par la colonne vertébrale ;
  • dans le cerveau, les signaux passent au thalamus. Il s'agit d'une station d’aiguillage qui transmet les signaux à différentes parties du cerveau ;
  • les signaux sont envoyés au cortex somato-sensoriel (responsable de la sensation physique), au cortex frontal (responsable de la pensée) et au système limbique (lié aux émotions).

Le résultat final qui nous semble instantané, est la sensation de douleur, qui agit sur nos émotions et provoque une réaction émotionnelle à la douleur : irritation, colère, agacement...

S’habituer à la douleurs des coups ?

La douleur est commune à tous les humains et nous la partageons tous. Tout pratiquant de krav maga peut se rappeler des détails minutieux autour d'un événement douloureux, même si cela s'est passé il y a plusieurs années. Les personnes ayant expérimenté le combat réelle peuvent encore plus en témoigner. Notre cerveau étant câblé pour cela, la forte composante émotionnelle rend certaines douleurs littéralement difficiles à oublier. Les souvenirs puissants associés à la douleur conduisent souvent à de très forts comportements d'évitement. Les corrélats neuronaux des différences individuelles dans la peur et l'anxiété liées à la douleur suggérée par certaines recherches évoque que deux émotions clé, la peur et l'anticipation, pourraient expliquer en grande partie la variabilité d'une personne à l'autre en ce qui concerne la douleur ressentie, son effet, et même sa durée (3). Rien que ces informations peuvent nous fournir des stratégies pour réduire efficacement la douleur.

La peur de la douleur est une réponse humaine naturelle avec de puissants avantages évolutifs.
Nous sommes construit pour notre propre préservation. Il est donc tout à fait évident de rendre la douleur difficile à oublier, car elle nous a permis d'éviter des menaces potentiellement dangereuses. Sauf que de nos jours, la peur de la douleur est également devenue une norme culturelle dans notre société, car nous en sommes venus à considérer en grande partie la douleur comme une douleur grave et qui doit être atténué et disparaître le plus rapidement possible. Certes, la douleur peut parfois indiquer un problème physique qui a besoin d'attention, mais trop souvent, les personnes recherchent par réflexe toutes sortes d'analgésiques et de traitements invasifs, en supposant que tout ce qui supprime la douleur doit être la bonne meilleure à faire.

Lorsque nous réagissons à la douleur avec cette peur disproportionnée et que nous interprétons celle-ci comme nocive, nous déclenchons une réaction en chaîne émotionnelle qui peut parfois faire boule de neige. La peur elle-même est composée de sensations désagréables et peut aggraver la douleur. Rapidement, nous pouvons nous retrouver non seulement en train de nous concentrer sur le soulagement de la douleur qui a initialement déclenché l'avalanche, mais également sur une douleur supplémentaire, à savoir la peur. Il s'avère que la peur de la douleur peut souvent devenir la partie la plus désagréable d'une expérience douloureuse. Lorsque nous introduisons l'élément peur dans le mélange, cela devient beaucoup plus menaçant dans notre esprit, quelque chose qui représente un danger pour notre existence.

Conclusion

Accepter la douleur, accepter de prendre des coups de plus en plus dure pendant les entraînements pourrait être la meilleure solution ? Sous une certaine forme, c’est le cas. Ce n’est pas le jour d’une agression ou d’une bagarre qu’il faudra apprendre ce qu’est la douleur.

Sources

(1) Karoly, P. & Ruehlman, L. (2007). Psychosocial aspects of pain-related life task interference: An exploratory analysis in a general population sample. Pain Medicine, 8 (7), 563-572.
(2) Pain and Emotion: A Biopsychosocial Review of Recent Research
Mark A. Lumley, Jay L. Cohen, George S. Borszcz, Annmarie Cano, Alison M. Radcliffe, Laura S. Porter, Howard Schubiner, Francis J. Keefe. Septembre 2012
(3) Neural correlates of individual differences in pain-related fear and anxiety.
Ochsner KN1, Ludlow DH, Knierim K, Hanelin J, Ramachandran T, Glover GC, Mackey SC. 20 décembre 2005.

17/04/2019


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