Vision périphérique
La structure de l'orbite humaine est unique, comparée à celle des autres hominoïdes. Au cours de l'évolution, il semblerait que peu à peu notre vision périphérique ait été favorisée. Chez les
humains le champ visuel périphérique est encore peu étudié. Le docteur Éric Denion y consacre ses recherches depuis plusieurs années. Ils montrent qu’au cours de l'évolution, le perfectionnement
de notre vision centrale s'est accompagné d'une extension de notre champ visuel latéral favorisant la détection des menaces. Une vision périphérique performante sur la détection des mouvements
est cruciale pour la survie. Elle est renforcée par la position latérale des globes oculaires.
Capture fovéale
La capture fovéale concerne ce qui est en mouvement dans le champ visuel et est sous la dépendance du cortex. Pour qu’elle soit précise, l’activité cérébrale doit élaborer des signaux qui
correspondent à des coordonnées spatio-temporelles en cours de l’objet visé (Fleuriet et al. 2011). Les travaux de Laurent Goffart suggèrent que cette activation dynamique neuronale représente au
mieux sa position ici et maintenant (Fleuriet & Goffart 2012 ; Goffart, 2014 ; Bourrelly et al. 2014, 2015, 2016a,b). Comment cette représentation très précise est-elle possible quand on
considère les délais variables de conduction neuronale et la nature des processus d'encodages cérébraux rapportés à un adversaire en mouvement lors d'un combat ?
Certaines études ont recours aux notions de prédiction, d'anticipation ou de modèle interne de trajectoire. Mais qu'elle serait leur signification neurophysiologique ? Les résultats expérimentaux
de L. Goffart et son équipe conduisent plutôt à considérer des tentatives de synchronisation avec la situation présente, qui est en train de se dérouler. La répétition de cette présence
visuomotrice s’accompagne de l’élaboration d’une trace mnésique dynamique qui, dans le monde physique correspond à une trajectoire, mais dans l’activité cérébrale apparaît bien plus complexe
(Bourrelly et al. 2016a). De plus, la prédiction apparaît plus être comme une opération consistant à actualiser une expérience mémorisée, plus qu’une anticipation.
L'acuité visuelle dynamique
Miyamoto Musashi (1576-1643), le plus célèbre samouraï japonais a perfectionné autant la technique que la stratégie de l'art du sabre japonais au cours de sa vie. Il se referait également
largement à la formation de la vision et la perception des mouvements à travers les arts martiaux. Mais maintenant il y a des preuves modernes en psychologie expérimentale pour soutenir ses
affirmations et montrer que les capacités visuelles peuvent être améliorées avec de telle formation. L'acuité visuelle dynamique est simplement un terme pour expliquer la capacité que nous avons
à discriminer les détails d'un objet dans le combat et quand il y a un mouvement entre les combattants.
M. Muinos et S. Ballesteros, du Département de psychologie de Madrid, ont voulu savoir si une formation sportive qui repose largement sur l'acuité visuelle dynamique pourrait nuire au déclin
normal de cette capacité. Les participants devaient déterminer rapidement la direction et les caractéristiques du mouvement d’objets. Ils ont étudié de jeunes adultes (moins de 30 ans) et plus
âgés (plus de 60 ans) qui n'avaient aucune formation sportive ou qui avaient une formation en judo ou karaté. Les résultats ont montré que les athlètes d'arts martiaux (autant de judo que de
karaté) ont eu des scores d'acuité visuelle dynamique meilleurs que ceux des non-athlètes. Ces résultats soutiennent l'idée que la formation à des arts martiaux ou système de combat comme le krav
maga peut améliorer l'acuité visuelle dynamique.
Qu'en est-il du déclin qui se produit normalement avec le vieillissement ? Le résultat le plus intéressant dans l'étude de Muinos et Ballesteros est que les athlètes plus âgés de karaté et de
judo ont significativement surperformé leurs homologues non athlètes au même âge. Cela suggère donc également que les arts martiaux entraînent des compensations ou des
protections contre le déclin normal de l'acuité visuelle dynamique.
Les mécanismes sous-jacents à cette modulation neuro-plastique ne sont pas encore entièrement connus et s'étendent probablement sur plusieurs régions du cerveau. Pourtant, il s'agit toujours de
preuves convaincantes que l'utiliser ou le perdre s'applique aussi bien à la perception visuelle qu’à la force des bras et des jambes.
Conclusion
« Il n'est pas possible de séparer l'acte visuel de l'acte moteur qui le dirige ou qui réagit à une des stimulations enregistrées. "La vision est suspendue au mouvement", le corps opérant et
actuel étant un "entrelacs de vision et de mouvement". (Merleau-Ponty, 1964 a, p. 16). » En combat à partir du moment ou la vision est compromise il n’est plus possible de compter uniquement sur
les attributs physiques, surtout si l’adversaire est plus fort et/ou plus rapide. La conclusion est d'utiliser sa vision périphérique, mais d’éviter de devenir dépendant d'elle.
Il faut apprendre à percevoir plutôt qu'à voir. Voir physiquement et psychologiquement.
Source
16/12/2016
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