La prévention de la violence par le krav maga et la self-défense est envisageable, car ce système de combat prend en compte une partie des connaissances comportementales
nécessaires pour évoluer dans nos sociétés. Comprendre ce qui se passe dans l'esprit de quelqu'un qui est violent permet de mieux évaluer le risque de violence et d'intervenir de façon
proportionnée, protégeant à la fois l'auteur potentiel et la victime. De nombreux facteurs de risque de violence ne peuvent être modifiés, mais la pensée d'une personne lors d’un conflit est un
facteur de risque qui peut l’être.
Selon l’OMS la violence figure parmi les principales causes de décès de 15 a 44 ans dans le monde. Elle est responsable d’environ 14 % des décès chez les hommes et de 7 % des décès chez les
femmes. Parce qu’elle est omniprésente, elle est souvent considérée comme un aspect inéluctable de nos sociétés humaines et comme un fait de la vie courante qu’il faut plutôt affronter que
prévenir. De plus, les individus pensent souvent que c’est un problème « d'ordre public », ou la responsabilité incombe à l’état et le rôle des professionnels de santé ne se limite qu’à la prise
en charge des conséquences. (1) La violence est une contrainte illégitime, physique ou morale, exercée envers autrui. Mais elle peut également « s’exercer par la personne contre elle-même, à
l’encontre d’autrui ou provenir d’une autre personne ou d’un groupe. »
Elle est protéiforme et prend différents aspects au quotidien :
Ces dernières décennies le sujet de la violence est abordé dans nos sociétés à partir d'une plate-forme médiatique de sensationnalisme, de dégoût et d'inquiétude. Le signalement d'événements violents incite deux réactions chez les téléspectateurs : une fascination horrifiée ou un réflexe repoussé pour se détourner. La qualité de spectateur généré et la quantité ne nous pousse pas par réaction à mieux comprendre la violence, ni à se poser les « bonnes » questions : qu'est-ce qui fait que l'être humain devient violent ? L'accent dogmatique pondéré ou sensationnaliste des médias sur les effets de la violence par opposition aux causes n'est pas du tout le fardeau de notre résistance à l'exploration des racines de la violence. Une partie de notre hésitation découle du fait que la violence est un problème profondément troublant. Le comportement violent peut être déclenché par la frustration, la colère ou une humiliation perçue. Son but peut être de prendre des mesures de représailles, d'intimider ou d'exercer un contrôle. Ce n'est que lorsque nous comprenons mieux la violence que nous pouvons commencer à faire la différence dans ces moments d’interaction qui nous révulse.
Depuis l’antiquité, les recherches d’explication étaient réservées aux philosophes. Maintes hypothèses ont été avancées pour comprendre les phénomènes de violence lors des interactions humaines.
Selon Jean Jacques Rousseau et Georges Sorel (2), la violence provient d'un processus social et des contraintes imposées aux hommes par la vie en commun au sein de groupes humains fondés sur
l'inégalité. À l'opposé, Friedrich Nietzche et Sigmund Freud estiment que la violence est inhérente à la nature de l'homme. Alors que les travaux menés en éthologie (étude des comportements) par
Konrad Lorenz (3), tendent à l'unification des deux hypothèses précédentes. L'agression violente serait un mode de communication indissociable à l'organisation sociale animale et humaine.
Bien qu'il n'y ait pas une seule réponse à ce qui provoque la violence, de nombreux scientifiques continu d’explorer d’autres approches. Sous formes d'entrevue et d'évaluation de personnes
violentes et après des années de recherche sur ce qui se passe dans l'esprit de quelqu'un qui développe ces types de comportement, Lisa Firestone et son père le Dr Robert Firestone (4) ont
commencé à reconnaître certaines « voix » (processus de pensée négative) récurrentes dans l’esprit de ces individus. Pensée négative qui les influences et les pousse à se livrer à des actes de
violence.
Ces « voix » ne sont pas interprétées comme des hallucinations, mais plutôt un schéma systématique de pensées négatives contre soi-même, hostile et suspect envers les autres. Ces « voix » ont été
nommées « pensées » destructrices parce que beaucoup de personnes interviewées ont déclaré qu'elles les percevaient de cette façon. Une échelle, The Firestone Assessment of Violent Thoughts
(FAVT), pour mesurer les « voix » qui incitent à la violence à été créer pour identifier les pensées qui ouvre la voie à des comportements violents et agressifs. Cette information n'est pas
seulement utile pour prédire l'intention violente, mais aussi pour fournir une compréhension globale qui aide à expliquer tous les types de violence à partir des exemples extrêmes qui font les
unes des médias ou aux réactions de colère et de violence que nous percevons en nous-mêmes et dans d'autres, dans le quotidien.
Les voix qui contribuent à la violence comprennent celles qui soutiennent la méfiance sociale. Ces pensées paranoïaques et suspectes encouragent les gens à assumer une posture d’autoprotection à
partir d'un danger perçu. Parce que la paranoïa et la perception erronée font que la menace semble réelle, les gens se sentent justifiés de faire acte de violence pour se protéger. La paranoïa
est soutenue par des voix négatives au sujet d'autres personnes étant différentes, étranges et mauvaises (classe sociale, métier, origines ethniques...). Il est plus facile de blesser quelqu'un
qui n’est pas perçu « comme vous ». Ces voix contribuent à la méfiance d'une personne et à la méfiance envers le monde entier.
D'autres voix qui mènent à la violence sont celles qui soutiennent les personnes qui se sentent victimes et persécutées socialement, culturellement... Ils conseillent une personne qu'il/elle est
victime de mauvais traitements par d'autres. Ces voix favorisent et soutiennent les pensées d'être marginalisées, blâmées ou humiliées par d'autres personnes.
Des personnes violentes ont également signalé avoir des voix d’auto dépréciations qui leur font croire qu'elles ne sont pas aimables et que personne ne les aimera ni ne s'occupera d’eux. Ces voix
favorisent l'isolement et encouragent une personne à ne s'occuper que d’elle-même. Ils attaquent d'autres personnes et les voient comme des ennemis. Toutes ces voix encouragent des pensées de
type : « N'attendez rien de personne, vous ne serez que déçu ».
Les voix auto-agrandies peuvent être un précurseur de la violence aussi bien parce qu'elles favorisent l'idée qu'une personne est supérieure aux autres et mérite d'être traitée comme telle. Elles
soutiennent un très grand ego qui ne fonctionne que pour compenser une haine de soi profonde. Lorsque le sentiment de soi aggravé est menacé, par des faiblesses ou un manque de respect perçu, une
personne réagit souvent violemment dans le but de retrouver son estime de soi. La recherche a réellement mesuré que chez les adolescents, le lien entre une estime de soi élevée ou la vanité
infligée et la violence était récurrentes. Les recherches sur la personnalité et le questionnaire sur la personnalité multidimensionnelle (MPQ) ont souvent été utilisés pour évaluer les
caractéristiques de la personnalité des jeunes. L'utilisation de ces échelles a toujours produit une relation statistiquement significative entre certaines caractéristiques de la personnalité et
le comportement violent. Les adolescents qui sont enclins à la violence réagissent généralement à des événements frustrants ou à des situations comportant de fortes émotions négatives. Ils se
sentent souvent stressés, anxieux et irritables face à des conditions sociales défavorables. (6)
Des voix agressives contribuent également de manière significative à la violence. Ces voix encouragent directement la prise de mesures violentes. Elles convainquent une personne que la réponse
agressive et violente est la réponse la plus appropriée, que cela serait une finalité salutaire ou même très agréable. Le manque de remords exprimé par la personne est influencé par ces types de
voix.
Bien évidemment, la solution miracle n’existera jamais. Rien n’empêche de se former au krav maga à être le plus performant et à même de réagir à cette violence. Rien n’empêche non plus de libérer la parole. Cette parole doit permettre dans toutes altercations d’exprimer ce qui véhicule cette violence. Capacité d’analyse, leviers et techniques indispensables pour tenter une désescalade de cette violence. Maintenant, quand tous les recours diplomatiques et pacifiques ont été épuisés et qu'il ne reste plus aucune solution raisonnable, on peut se déterminer à utiliser la force pour se protéger ou protéger autrui.
Sources
(1) https://www.who.int/violence_injury_prevention/violence/world_report/fr/
www.psychalive.org/the-inner-voices-behind-violent-behavior/
(2) https://www.wikimanche.fr/Georges_Sorel
(3) Konrad Lorenz, L'Agression, une histoire naturelle du mal, Paris, Flammarion, 1963 / 1969, pp. 106 à 110. https://fr.wikipedia.org/wiki/Konrad_Lorenz
(4) Lisa Firestone est directrice de la recherche et de l’éducation à l’Association Glendon. Conférencière, elle intervient lors de conférences nationales et internationales dans les domaines des
relations de couple, de la parentalité et de la prévention du suicide et de la violence. www.glendon.org « sauver des vies et améliorer la santé mentale en s'attaquant aux problèmes sociaux
du suicide, de la violence, de la maltraitance des enfants et des relations interpersonnelles en difficulté. »
(5) Avshalom et al., 1994
(6) http://www.children.gov.on.ca/htdocs/English/professionals/oyap/roots/volume5/chapter02_psychological_theories.aspx.
23/01/2019
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