Optimiser ses capacités d'équilibre en combat

Le titre de cet essai devrait plutôt être :« approche en krav maga de la capacité d’équilibre » tellement le sujet est vaste et complexe. Même en position statique le corps humain subit des oscillations permanentes. La capacité d’équilibre physiologique n’est à la base jamais acquise durablement à cause des mouvements liquidiens et des contractions musculaires cardiaques et respiratoires. Ces activités physiologiques induisent des oscillations permanentes.

Avant de pouvoir essayer d’intégrer des notions d’équilibre en krav maga il est toujours utile de revenir aux fondamentaux de la construction du métabolisme humain. La marche initialement  quadrupédique est devenue au fil de l’évolution humaine, bipèdique et plantigrades. Cette nouvelle posture à l’échelle  de l’évolution de l’espèce a modifié l’organisation de notre équilibre puisque la structure squelettique est soumise à la gravité comme tout autre objet.

La capacité d’équilibre de la marche

Le fait de rester en équilibre paraît anodin, particulièrement en appui bipodal, alors que cela nécessite des mécanismes de contrôle singulièrement élaborés. Le cycle de la marche complet ne comporte que deux phases de double appui qui n’englobe que 20% du cycle, une phase d’appui unipodal (40% du cycle) et une phase oscillante (40% du cycle).

Le corps en mouvement est soumis à quatre forces distinctes :

  • la force de gravité du corps ;
  • la force de réaction du sol sur le corps ;
  • la force de friction entre les pieds ;
  • la force de résistance de l’air.

Toutes ces forces perturbent l’équilibre de tout mouvement ou tout déplacement, qui représente un état de déséquilibre transitoire que l’être humain rétablit en permanence.

La capacité d’équilibre en mouvement

La condition bipodale nécessite de maintenir un équilibre en condition statique ou dynamique lors de situations de combat et d’appuis très variables. Lorsqu’un corps est en mouvement, il est alors dans un état perpétuel de déséquilibre transitoire. Il s’agit d’un équilibre dynamique. De manière plus précise, un équilibre statique correspond à une situation posturale où la surface d’appui du corps en contact avec le sol qui se définit, en krav maga par la position des pieds sur le sol, ne se déforme et ne se déplace pas. Tandis qu’un équilibre dynamique s’assimile à une situation posturale où la surface d’appui se déforme et/ou se déplace constamment. Le contrôle postural de l’équilibre implique une coordination entrée :

  • la posture ;
  • l’équilibre ;
  • la  locomotion.

Cela  exige des capacités d’adaptation en permanence, en fonction des contraintes de l’environnement et de l’adversaire. Le mouvement est source de déséquilibre, car le déplacement  d’un seul segment du corps induit le déplacement des autres segments. Le centre de gravité d’un seul segment engendre un changement de la position du centre de gravité du corps dans son entier. Le mouvement d’un membre inférieur est d’autant plus perturbant qu’il a une fonction de soutènement du corps sur le sol. Pour tenir en équilibre, il convient donc d’adopter et/ou de garder des attitudes posturales particulières selon les situations de combat rencontrées. La  posture n’est autre que la position des divers segments du corps à un moment donné.

Le maintien de la posture de référence chez l’homme est basé sur l’existence d’une activité musculaire posturale. Cette activité est principalement observée au niveau des muscles extenseurs des membres inférieurs, des muscles du tronc et du cou.

Biomécanique de la posture verticale

La posture verticale est caractéristique de l’espèce humaine et c’est à partir  de  celle-ci que  nous  réalisons  la majeure partie de nos activités quotidiennes. D’un point de vue biomécanique, le maintien de cette posture est soumis à certaines contraintes physiques qui impliquent des mécanismes de contrôle très élaborés. Les deux tiers de la masse corporelle de l’humain étant localisés dans les deux tiers supérieurs de notre corps, la lutte contre la gravité est un adversaire du  maintien postural aussi important que l’adversaire qui est en face.

Recherche de l'équilibre

En krav maga la recherche de l'équilibre en mouvement est la principale caractéristique de toutes les postures amenées à prendre lors d'un combat. Sans cet équilibre, aucune technique n'est efficace et les déplacements seront lents et impuissants. Le risque étant de perdre le contrôle de son corps au milieu de d’un combat. Ce qui démontre l’importance de cette maîtrise, car même avec une immense connaissance de « comment il faut réagir », rien n’est applicable sans équilibre. Cela peut se définir comme étant le contrôle du centre de gravité, de l'utilisation de l'inclinaison du corps et de l'équilibre instable. La gravité pouvant être utilisée pour faciliter le mouvement. Vous êtes en équilibre lorsque votre centre de gravité se trouve à l'intérieur du polygone de sustentation.

Polygone de sustentation

Le polygone de sustentation est le plus petit polygone reliant l’ensemble les points par lequel le corps repose sur un plan horizontal. Il s’agit de la surface entre l’extrémité des points d’appui. Le polygone de sustentation est la zone au sol, sur laquelle le corps repose en équilibre. Selon les lois de la physique le corps ne peut tenir en équilibre que si le centre de gravité se trouve à la verticale de ce polygone. Cette notion d’équilibre est le fondement d’une position de garde en krav maga où, en écartant les jambes, on augmente la surface de ce polygone et la stabilité (principe du 50 % pied avant 50 % pied arrière). En position verticale, le centre de gravité se situe à l’intérieur du corps, quelques centimètres en avant de la 3e vertèbre lombaire, dans la direction du nombril.

L’équilibre et la stabilité en combat

La force de la gravitation est une constante physique incontournable. Tous les corps, animés ou non, éprouvent cette attraction, que la position soit verticale, assise ou allongée. Le centre de gravité du corps se situe dans le bassin, devant l’épineuse S2, au milieu d’une ligne horizontale passant par le sommet des deux hanches. Le placement du bassin en combat est le secret de l'équilibre, aussi bien pour différentes postures de garde que pour les postures de coups de pied ou de blocage. Après les pieds c'est avec lui que débute la prise de position, le bon placement ou la technique. Une posture trop large fait perdre de la vitesse et de l'efficacité mais donne de la force et de la solidité. Une posture courte favorise la vitesse mais diminue la stabilité et la puissance. Il faut donc constamment s’adapter en fonction de l'évolution d’un combat. Dans un déplacement d’attaque vers l’avant, le centre de gravité se décale imperceptiblement sur le pied avant pour libérer le pied arrière. Dans un mouvement de recul défensif, il se décale sur le pied arrière pour augmenter la distance, donc le temps pour réaction.
L’efficacité de la stabilité d’un combattant dépend donc de la faculté de faire évoluer ses postures de manière à toujours conserver un équilibre et une stabilité la plus forte possible. De la base du polygone de sustentation au placement de son centre de gravité. Il est également plus important de savoir placer son bassin que d'être capable de prendre des postures très basses.

Réglage de l’équilibre

Dans les différentes attitudes d’un mouvement, la régulation corrective de l’équilibre est assurée par les organes sensoriels vestibulaires situés dans l'oreille interne qui commandent certains mouvements oculaires et muscles, dans une perspective du maintien du corps en équilibre dans son environnement. La stabilité d’un corps en équilibre est dépendante principalement de quatre facteurs :

  • la surface du polygone de sustentation. Plus la surface est petite, plus l’instabilité est grande et inversement ;
  • la hauteur du centre de gravité au-dessus de polygone de sustentation. (plus le centre de gravité est bas plus l’équilibre est stable et inversement).
  • la masse du sujet influe aussi sur l’équilibre (un corps est plus stable lorsque sa masse est  importante car il faut exercer une plus grande force pour le déplacer ;
  • la position de la ligne d’action de la gravité par rapport à la surface de sustentation. (plus cette ligne d’action passe au centre de la base d’appui, et plus la stabilité est grande).

Le centre de gravité en combat

Il se déplace sans cesse avec ses mouvements et ceux de l’opposant. Pour se déplacer rapidement, il doit se déplacer rapidement dans toutes les directions. Il est préférable de faire des pas courts que de grandes enjambées pour déplacer correctement son centre de gravité correctement et le polygone de sustentation. Les longs pas et les déplacements constants et inutiles du poids du corps d'un pied sur l'autre créent des temps d'équilibre instable. Ces micro-temps répétés de lévitation sont des moments de vulnérabilités et permettent à l’adversaire d’attaquer sur ces moments de déplacement sans équilibre. L'abaissement du centre de gravité augmente la stabilité mais diminue la mobilité. Il faut donc chercher en permanence un compromis en fonction de la situation.

Conclusion

De façon générale, il existe une amélioration de l’équilibre lorsque l’écartement et/ou l’angle entre les pieds augmentent, c’est-à-dire lorsque la taille du polygone de sustentation augmente. Il est à noter que l’écartement entre les pieds a plus d’influence que l’angle. Le changement de position de pieds influe surtout sur les oscillations latérales. L’amélioration de l’équilibre est principalement engendrée par une diminution de l’amplitude des oscillations latérales. Excepté dans les positions où les pieds sont très rapprochés, les oscillations latérales sont toujours inférieures aux oscillations antéro-postérieures. D’après les résultats de la littérature scientifique, l’écartement de pieds pour lequel l’équilibre est le meilleur correspond à une distance de 15 à 20 cm entre les bords médians des pieds. L’angle offrant la meilleure stabilité est alors compris entre 15 et 45 degrés.

Sources

André-Thomas, (1940). Équilibre et équilibration , Masson, Paris, France.
Caron, O., Gelat, T., Rougier, P., Blanchi, J.P. (2000). A comparative analysis of the center of gravity and center of pressure trajectory path lengths in standing posture: an estimation of active stiffness, Journal of Applied Biomechanics , 16 : 234-247.
Carpenter, M.G., Murnaghan, C.D., Inglis, J.T. (2010). Shifting the balance: evidence of an exploratory role for postural sway, Neuroscience,  171 : 196-204.
Creath, R., Kiemel, T., Horak, F., Peterka, R., Jeka, J. (2005). A unified view of quiet and perturbed stance: simultaneous co-existing excitable modes, Neuroscience Letters , 377  : 75-80.
Di Giulio, I., Maganaris, C.N., Baltzopoulos, V., Loram, I.D. (2009). The proprioceptive and agonist roles of gastrocnemius, soleus and tibialis anterior muscles in maintaining human upright posture, Journal of Physiology , 587 : 2399-2416. Günther, M., Grimmer, S., Siebert, T., Blickhan R. (2009). All leg joints contribute to quiet human stance: a mechanical analysis, Journal of Biomechanics , 42 : 2739-2746. Horak, F.B., Nashner, L.M. (1986). Central programming of postural movements: adaptation to altered support-surface configurations, Journal of Neurophysiology , 55 : 1369-1381.
Kilby, M.C., Molenaar, P.C., Newell, K.M. (2015). Models of Postural Control: Shared Variance in Joint and COM Motions, Lemos, T., Imbiriba, L.A., Vargas, C.D., Vieira, T.M. (2015).
Modulation of tibialis anterior muscle activity changes with upright stance width, Journal of Electromyography and Kinesiology 25 : 168-174.
Morasso, P.G., Sanguineti, V. (2002). Ankle muscle stiffness alone cannot stabilize balance during quiet standing, Journal of Neurophysiology , 88 : 2157-2162.
Vaughan, C., Andrews, J., Hay, J. (1982). Selection of body segment parameters by optimization methods, Journal of Biomechanical Engineering, 104 : 38-44.
Wang, Z., Ko, JH., Challis, JH., Newell, KM. (2014). The degrees of freedom problem in human standing posture: collective and component dynamics,
Winter, DA. (1995). Human balance and posture control during standing and walking, Gait and Posture, 3, 193-214.
Posture et équilibration humaine Thierry Paillard
https://www.decitre.fr/media/pdf/feuilletage/9/7/8/2/3/5/3/2/9782353273140.pdf
Pr. Gérard Outrequin, Dr. Bertrand Boutillier www.anatomie-humaine.com
"Position des pieds et paramètres stabilométriques" par Arnaud Mouzat, Michel Dabonneville, Pierre Bertrand 2005 Éditeur : De Boeck Supérieur

 

11/04/2018


Comment progresser au krav maga

Comment progresser en krav maga est simple. La volonté et l'envie d'apprendre sont... Comment progresser au krav maga

Krav maga : les trois étapes de la mémoire

Comme toutes pratiques le krav maga fait appel aux trois étapes de la mémoire : l’encodage, le stockage et...

Krav maga : les trois étapes de la mémoire